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Le lupus est une maladie auto-immune (à médiation immunitaire) que l’on peut rencontrer dans différentes espèces (dont l’homme). Ce type de pathologie se caractérise par une réaction désordonnée de l’organisme, qui se met à produire des anticorps dirigés contre ses propres cellules ; les mécanismes mis en jeu provoquent alors des lésions ou des troubles fonctionnels.

Chez le chien, le lupus peut se rencontrer essentiellement sous deux formes : une forme cutanée (lupus érythémateux cutané, qui ne touche que la peau), et une forme plus générale (lupus érythémateux systémique = LES, qui concerne plusieurs organes).

 

 

Quelles sont les causes du lupus chez le chien ?

 

Les mécanismes à l’origine du lupus chez le chien sont encore mal élucidés, mais le sujet est assez bien étudié, dans la mesure où l’on retrouve également cette pathologie chez l’homme. La recherche vétérinaire est donc susceptible de bénéficier à la recherche en médecine humaine, et vice versa.

Les observations sur cette maladie ont montré une nette prédisposition raciale, notamment avec une surreprésentation des Bergers Allemands, ainsi qu’une forte héritabilité. Toutefois, même si l’on a émis l’hypothèse d’une transmission génétique, aucun gène jusqu’ici n’a été clairement identifié.

D’autres hypothèses, de transmission infectieuse, ont été émises ; par exemple, il a été constaté que des chiots nés d’une mère atteinte, mais grandissant loin d’elle, ne développaient pas la maladie, contrairement à ceux élevés à son contact. Mais cette possibilité reste controversée, et aucun agent infectieux n’a pu être incriminé jusqu’à présent.

Des facteurs hormonaux semblent aussi intervenir : le lupus érythémateux systémique affecte plus souvent les mâles, tandis que le lupus érythémateux cutané touche plutôt les femelles.

Enfin, des facteurs environnementaux pourraient également entrer en jeu : médicaments, toxines, métaux lourds, silice, amiante, hydrocarbures, etc.

 

 

Les symptômes du LES (lupus érythémateux systémique)

 

Le LES affecte les tissus internes et par conséquent plusieurs systèmes et fonctions corporelles. Selon la partie du corps attaquée par le système immunitaire, les signes cliniques pourront varier d’un animal à l’autre.

Cependant, un chien atteint de LES présente systématiquement une altération de son état général, avec de la fatigue, de l’amaigrissement et de la fièvre en dents de scie.

On peut également observer, selon les cas :

• Boiteries en cas d’atteinte articulaire ; c’est souvent un des premiers signes à apparaître. Le chien ne pose pas correctement le/les membre(s) atteint(s), avec même parfois perte d’appui. Certaines articulations peuvent sembler gonflées. Dans certains cas, il peut y avoir une fonte musculaire associée.

• Lésions cutanées, avec localisation fréquente sur la tête (truffe, oreilles, lèvres) ou au niveau des zones à peau fine (ventre, région inguinale...) ou des doigts. Ces lésions comprennent rougeurs, ulcères, croûtes, dépigmentations, squames, perte de poils, et peuvent être douloureuses, ou à l’origine de démangeaisons.

• Hématomes ou pétéchies (= petits points rouges sur la peau) dus à la destruction des plaquettes sanguines (qui jouent un rôle dans la coagulation)

• Pâleur des muqueuses (œil, gencives) ou couleur jaune de celles-ci, traduisant une anémie ou un ictère : la maladie auto-immune peut entraîner la destruction des globules rouges, ce qui libère de la bilirubine dans l’organisme ( -> couleur jaune)

• Parfois (mais beaucoup plus rarement) : convulsions, troubles respiratoires, œdèmes...

 

 

Les symptômes du lupus érythémateux cutané

 

Ils sont, comme le nom de la maladie l’indique, uniquement cutanés : dépigmentation de certaines zones, érosions, ulcères, squames. La truffe est souvent la première atteinte, voire la seule. Les autres zones concernées sont les pavillons des oreilles, mais aussi les jonctions peau-muqueuses et les membres.

Toutefois, il n’est pas toujours aisé de distinguer un LE cutané d’un LES à expression cutanée, même si les lésions dues à un LEC sont souvent moins sévères et moins étendues que celles d’un LES.

 

 

Comment est posé le diagnostic de lupus ?

 

En première intention, le diagnostic du LES est rarement évident à cause notamment de l’apparition très progressive des symptômes, qui plus est avec des fluctuations.

Pour que le vétérinaire puisse établir un diagnostic, il devra connaître un maximum de choses sur le patient : date d’apparition / durée d’évolution, y a-t-il déjà eu des traitements ? Quels symptômes observés ?

Le praticien pratiquera un examen clinique complet, en commençant par le motif initial de la consultation. Mais il recherchera aussi des signes d’atteinte d’autres organes (palpation des organes, des articulations, auscultation cardiaque et pulmonaire...)

Face à une suspicion de lupus, des examens complémentaires pourront être prescrits, afin de venir appuyer l’hypothèse de LES (ou au contraire l’infirmer) :

• Analyses sanguines : numération formule et biochimie (renseignant sur le fonctionnement des organes)

• Analyses d’urine

• Radiographie articulaire

• Ponction articulaire et analyse du liquide synovial

• Biopsies cutanées, (ponctions ganglionnaires)

• Échographies (abdominale, cardiaque)

• Dosage d’anticorps anti-nucléaires (ANA)  dans le sang (indispensable).

Le diagnostic sera posé en cas de convergence d’indices et de preuves.

 

 

Quel traitement pour le lupus ?

 

Le traitement du lupus, tout comme le diagnostic, reste délicat. C’est également le cas chez l’homme.

Le contrôle de la maladie auto-immune passe par une modification de la réponse immunitaire de l’organisme. Des immunosuppresseurs ou immunomodulateurs seront donc généralement prescrits. Les corticoïdes (pour leurs propriétés anti-inflammatoires) sont souvent proposés en première intention, à forte dose au début, qui pourra être diminuée progressivement selon la réponse au traitement. Le vétérinaire pourra leur associer d’autres molécules. Des médicaments cytotoxiques – ayant pour but d’éliminer les cellules « rebelles » qui s’attaquent à l’organisme du chien – pourront également être employés.

Des consultations régulières de suivi seront programmées, ainsi que des examens complémentaires afin d’observer l’évolution de la maladie, et d’adapter la prise en charge. Le traitement peut durer de plusieurs semaines à plusieurs mois, voire toute la vie, selon les poussées.

Le lupus érythémateux cutané est généralement moins grave, et il est souvent possible de le contrôler plus facilement.

Le pronostic dépendra donc de la forme de lupus, de l’importance de l’atteinte des différents organes (notamment les reins), et de la réponse au traitement. Certains chiens ne répondent pas toujours favorablement aux immunosuppresseurs...

 

 

Le lupus, surtout dans sa forme systémique, est une maladie complexe qu’il est difficile de diagnostiquer et de traiter actuellement. La prise en charge approfondie et des consultations régulières chez le vétérinaire, ainsi que le dialogue constant avec ce dernier, devraient permettre la prescription d’un traitement adapté à la maladie de votre animal, qui évoluera en fonction de la réponse thérapeutique et des besoins.

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

20/09/2021