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La PIF est une maladie virale grave, le plus souvent fatale, due à l’infection par un coronavirus félin (FcoV). Jusqu’à 90 % des chats vivant en collectivités (chatteries) et 50 % des chats domestiques ont été en contact avec le FcoV, mais seule une petite proportion de chats infectés développera une PIF.

 

 

 

 

L’agent responsable : le coronavirus félin FcoV

 

Il s’agit d’un virus qui vit essentiellement dans l’intestin des chats infectés, sans toutefois gêner l’animal. La transmission est oronasale, essentiellement via les selles, et les litières communes sont donc la source majeure de contamination, ou de réinfection continue pour un chat déjà infecté. Un chat peut aussi se contaminer par l’intermédiaire d’objets (brosses...), tapis, vêtements, car le FcoV intestinal peut survivre jusqu’à 7 semaines en milieu sec. Il est cependant sensible aux détergents et désinfectants. La transmission d’une chatte à ses petits pendant la gestation est très rare ; les petits se contaminent plutôt vers l’âge de 6/8 semaines, par des selles contenant le FcoV, lorsque les anticorps protecteurs de leur mère disparaissent.

 

Le FcoV intestinal n’est pas pathogène. Mais lors d’une mutation spontanée, la surface du virus est modifiée ; à cause de cela, il ne reste pas cantonné aux cellules intestinales ; le FcoV muté est phagocyté (« mangé ») par les macrophages, dans lesquels il va se répliquer, et grâce auxquels il va pouvoir se déplacer dans tout l’organisme du chat. Une réaction immunitaire se met alors en place, qui entraîne la formation de lésions granulomateuses, notamment au niveau du péritoine, du rein, de l’uvée (œil). Les macrophages qui meurent libèrent virus et diverses substances qui agissent sur la perméabilité des vaisseaux, à l’origine d’épanchements dans le thorax et l’abdomen.

 

 

Les symptômes

 

La durée entre la mutation du virus et l’apparition des premiers signes de maladie varie de quelques semaines à deux ans, selon les défenses immunitaires de l’animal.

La durée entre l’infection par le FcoV intestinal inoffensif et le développement d’une PIF est totalement imprévisible ; il a cependant été constaté que le risque maximal de développer une PIF se situe entre 6 et 18 mois après infection par le FcoV, mais ce risque tombe en dessous de 4 % 36 mois après l’infection.

Il existe classiquement deux formes de PIF, la forme sèche non exsudative (granulomateuse), et la forme humide, exsudative, avec péritonite, pleurésie, péricardite. En fait, selon le moment, il peut coexister les deux formes, avec prédominance de l’une des deux.

 

► Dans le cas de la forme sèche, les symptômes sont peu spécifiques : fièvre, perte d’appétit, amaigrissement... Selon les organes atteints, il sera possible d’avoir des signes :

Nerveux : convulsions, tremblements, désorientation, démarche anormale, possible paralysie

• Rénaux : insuffisance rénale

Hépatiques : ictère (= jaunisse), troubles digestifs

• Oculaires : visibles à l’examen ophtalmologique, mais non significatifs car présents dans d’autres affections...

 

► Dans le cas de la forme humide : présence d’ascite (liquide dans l’abdomen), d’épanchements pleuraux (donnant des difficultés respiratoires), parfois péricardiques. Ces épanchements sont associés à de l’anorexie, un amaigrissement, parfois de la fièvre...

 

 

Comment faire le diagnostic ?

 

Il n’est pas toujours évident à poser, puisque les symptômes ne sont pas spécifiques. De surcroît, les tests sérologiques utilisables ont une sensibilité et une spécificité basses ! Certains chats souffrant d’une PIF caractérisée peuvent être séronégatifs.

A contrario, un test positif pour la PIF signifie en fait que le chat a été ou est en contact avec un coronavirus intestinal, lequel n’entraînera pas forcément une PIF.

D’autres tests (PCR) permettent de détecter le matériel génétique du virus, et c’est en fait la localisation du virus qui va guider le vétérinaire : la présence de coronavirus en grande quantité dans le sang, ou dans un liquide d’épanchement chez un chat présentant des symptômes évocateurs de PIF apportera confirmation de la maladie.

 

 

Quel traitement ?

 

Malheureusement, un chat atteint de PIF clinique en mourra dans tous les cas. Si les signes cliniques sont modérés, l’animal pourra parfois survivre quelques mois avec une qualité de vie acceptable, mais le propriétaire doit se préparer à l’idée d’un décès probable de son chat dans un futur relativement proche.

Un chat sain, séropositif pour le FcoV, n’est pas certain de développer une PIF. Mais il a certainement une épée de Damoclès au-dessus de la tête...

 

 

Quelle prévention ?

 

Il n’existe aucun vaccin disponible en France.

La seule prévention possible consiste à empêcher l’infection de l’animal par le FcoV.

En pratique, si un chat est mort de PIF dans une maison, on recommandera une bonne désinfection de l’environnement, et une attente d’au moins 3 mois avant de reprendre un nouveau chat.

En revanche, s’il y a d’autres chats dans le foyer, il est fort probable qu’ils soient eux aussi infectés par le FcoV intestinal et excréteurs. Toutefois rien ne permet de prédire s’ils déclencheront un jour une PIF, ou pas. Certains élimineront le virus après quelques mois ou années...

Dans les élevages, les refuges ou les maisonnées comptant plus de 10 chats, la négativation devient statistiquement impossible, car le virus passe perpétuellement de l’un à l’autre. Il faut alors envisager si possible une réduction du nombre de chats pour diminuer la pression virale. Le vétérinaire pourra conseiller quelles mesures à envisager.

 

 

Conclusion :

La PIF est une maladie grave, mortelle si elle se déclare, qui touche plutôt les jeunes chats en collectivité. Dans la mesure où il n’existe ni traitement spécifique ni vaccin, les mesures hygiéniques de prévention  (désinfection des locaux et des accessoires) dans les élevages, chatteries et expositions seront essentielles pour essayer de limiter la dissémination du virus. Toutefois, dans les environnements multi-chats, la PIF est la conséquence inévitable de l’endémie de FcoV.