Image par Susanne Pälmer de Pixabay

 

Quels sont les signes d’occlusion intestinale ? Mon chien peut-il en mourir ? Il a avalé un objet, est-ce qu’il risque une occlusion ? Autant de questions que l’on peut se poser lorsqu’on est propriétaire d’un chien, notamment si ce dernier a une nette propension à mâchouiller voire avaler tout ce qui lui tombe sous la dent.

 

 

 

Qu’est-ce qu’une occlusion intestinale ?

 

Il s’agit d’un arrêt partiel ou total du transit digestif, et donc du passage des aliments dans l’intestin du chien.

• L’interruption du transit peut être totale le plus souvent suite à l’ingestion d’un corps étranger par l’animal (os, jouet, ficelle, balle, chiffon, chaussette, etc... – les chiens peuvent être imaginatifs !), objet qui reste bloqué dans l’intestin grêle.

Mais d’autres causes sont possibles, telles une tumeur de l’intestin, des parasites en grande quantité (ascaris), une hernie ombilicale avec passage d’une portion de l’intestin par l’ombilic, ou encore une constipation importante avec accumulation de selles dans le côlon.

• Il se peut que l’interruption du transit ne soit que partielle, lorsque le transit s’effectue quand même mais très très lentement.

 

 

Comment savoir si mon chien fait une occlusion intestinale ?

 

Les symptômes dépendent de l’endroit où se situe l’obstruction dans le tube digestif.

Si elle est située au début de l’intestin grêle, les signes apparaissent en général assez brutalement, et sont d’évolution rapide ; en revanche, si elle se situe à la fin de l’intestin grêle ou au début du côlon, les symptômes apparaissent plus progressivement. On peut couramment observer :

• Anorexie, abattement

• Vomissements parfois importants, ayant fréquemment une odeur de selles, mais n’intervenant pas forcément au tout début de l’occlusion ; souvent ils apparaissent un peu plus tard, au bout de 3 ou 4 jours, lorsque les liquides s’accumulent en amont de l’obstacle.

• Déshydratation rapide, faiblesse générale

• Absence de selles, ou émises en petite quantité, liquides et sanguinolentes

• Douleur abdominale, aggravée par la palpation. Pour atténuer la douleur ressentie, le chien adopte une position dite « de prière » pour la soulager (pattes avant étendues au sol, fesses en l’air)

• Parfois de la fièvre (> 39°C)

 

Devant un ou plusieurs de ces signes, et notamment si le chien a l’habitude d’ingérer n’importe quoi, il est urgent de consulter un vétérinaire. En effet, si l’on attend trop longtemps, l’occlusion peut être à l’origine d’une destruction de la paroi de l’intestin, voire d’une perforation entraînant alors une péritonite. Le pronostic peut s’assombrir très rapidement...

 

 

Que faire en cas de suspicion ?

 

Sans hésitation, aller immédiatement à la clinique vétérinaire. Le praticien, après examen clinique de l’animal, réalisera des examens complémentaires pour confirmer le diagnostic d’occlusion. Certains corps étrangers sont facilement visibles à la radio (cailloux, os...), d’autres non (plastique, tissu...), mais des images plus ou moins caractéristiques peuvent conforter le vétérinaire dans son diagnostic. Une radiographie avec produit de contraste radio opaque que l’on fait avaler à l’animal (transit baryté) permet de visualiser le lieu de l’occlusion.

Une échographie abdominale peut aussi permettre de visualiser un corps étranger digestif ou une tumeur.

Des analyses sanguines donneront un aperçu des constantes du chien, notamment le taux de potassium (kaliémie) qui peut diminuer fortement à cause des vomissements.

 

En fonction de l’état général de l’animal, une perfusion sera peut-être nécessaire pour corriger les troubles électrolytiques.

En cas d’obstruction par corps étranger situé en fin de tube digestif, et si l’animal n’est pas trop mal en point, il est parfois possible de tenter un traitement médical de l’occlusion par des laxatifs.

Mais une surveillance rapprochée du chien est nécessaire, et en cas d’échec, le vétérinaire devra procéder au traitement chirurgical de l’anse intestinale atteinte.

En fonction de la cause, l’opération pourra consister en :

• Une entérotomie = simple ouverture de l’intestin pour retirer le corps étranger. Cela n’est possible que si l’intestin n’est pas nécrosé.

• Une entérectomie = retrait d’un segment intestinal si la paroi est abîmée, ou encore en présence d’une tumeur.

• Une dévagination des anses intestinales si l’occlusion est due à un repli de l’intestin sur lui-même, là encore à condition que la paroi soit intacte.

 

Le pronostic dépend finalement de la précocité de l’intervention et du type de chirurgie.

 

 

Comment prévenir ?

 

Si vous avez constaté que votre chien avait tendance à ingérer tout et n’importe quoi, il est préférable de consulter votre vétérinaire, afin d’écarter toute cause médicale. Si l’examen clinique et les examens complémentaires (bilan sanguin, analyse de selles...) ne révèlent rien de particulier, une origine comportementale sera envisagée.

Dans un premier temps, pour protéger votre animal de lui-même, il sera nécessaire d’écarter et ranger tout ce qui peut être dangereux pour lui : boîte à couture, pelotes de laine, bouts de ficelle, élastiques, chouchous pour cheveux, liens de sacs poubelles, bouchons, petits jouets (billes, osselets, legos, playmobils), etc... De même, il peut être judicieux de le promener en laisse s’il avale tout ce qui lui tombe sous le museau.

Au-delà, s’il s’agit d’un chiot, il est encore temps de l’éduquer et de lui faire comprendre qu’on ne mange pas n’importe quoi. Attention toutefois à ne pas renforcer son comportement néfaste par une punition inadéquate. N’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire ; il est par exemple possible de faire en sorte que votre chien associe le pica à quelque chose de désagréable pour lui, par exemple répulsif ou produit amer sur l’objet, bruit strident ou dissuasif en cas de mauvais comportement – indépendamment de votre présence.

Si votre chien est adulte et souffre d’hypersensibilité/hyperactivité, une prise en charge comportementale et médicamenteuse plus poussée sera nécessaire.

 

Et les os ?

Même s’ils les apprécient, surtout s’il reste un peu de chair dessus, les chiens n’ont pour autant pas la capacité de digérer les os, et les fragments ingérés risquent de ralentir le transit intestinal, provoquant une simple constipation, mais aussi parfois une véritable occlusion.

Pour faire plaisir à votre animal, et lui donner l’occasion de mâchonner et de mastiquer de longues heures sans risque d’occlusion, vous pouvez lui donner des os cartilagineux ou spongieux à base de peau de bœuf ou de porc pressée. Cela l’occupera et renforcera en outre son hygiène bucco-dentaire.

 

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

21/09/2020